Style & Savoir-Faire
Travail du bambou
Le bambou, à la racine de la culture chinoise
Le bambou est intimement lié à la culture chinoise depuis son origine. Dès le néolithique on en trouve des traces dans les vestiges de la vie quotidienne. Est-ce la douceur et la beauté de son feuillage, la dureté de sa tige ou la tendresse de ses jeunes pousses, toujours est-il que l’on retrouve le bambou dans la vie quotidienne sous des formes variées et infinies.
Les minorités ethniques du Yunnan, Miao, Bai ou Hani, ont ainsi préservé un artisanat d'objets en bambou entièrement faits-main, tels que boîtes à thé, plateaux, boîtes à riz ou les lusheng, ces fameux instruments de musique caractéristiques des Miao.
Le bambou, arbre à tout faire, à la base de la vie quotidienne
Sous forme de tablettes, le bambou a été la base de l’écriture chinoise, au point que le caractère 竹 (zhu) signifiant bambou est l’une des principales racines des caractères chinois. Sans bambou, les écrits des Confucius ou Laozi ne nous auraient pas été transmis ! Chéri par les sages et les lettrés, dont le pot à pinceau en bambou est l’un des huit trésors, il a inspiré d’innombrables poèmes et symbolise la droiture, l’élégance et la simplicité chez les artistes chinois.
Chez les Miao, il s’est fait instrument de musique, le lusheng, emblématique de leur culture millénaire. Maître Zhu, artisan d'un village du Guizhou qui perpétue la tradition est un maître-artisan qui attire les misuciens les plus exigeants.
Des meubles, cabinets, tables, chaises, coffres ou étagères en bambou étaient prisées dès l’antiquité, matériau de construction ou même d’échafaudage pour lesquels sa dureté de fer le rend irremplaçable, objets décoratifs ou utilitaires comme des panneaux sculptés ou des parapluies habillés de papier huilé ou servant de récipient pour le transport au riz dans les champs, le bambou constitue même une ressource propre à l’alimentation.
Le Yunnan, terre de bambou
La vannerie de bambou, répandue dans toutes les provinces du sud de la Chine n’a rien d’exceptionnel au Yunnan.
Midu, situé sur la route du thé, entre Jianchuan et Shaxi, abritant un mélange de multiples minorités Bai, Hui, Yi, Lisu ou Miao, conserve quelques vanniers perdus dans cet ancien village urbanisé et qui maintiennent un art apparu très tôt pour confectionner les paniers tressés servant de bât aux mules acheminant les précieuses galettes de thé de Pu’Er aux temps anciens, quand ils n’étaient pas portés à dos d’homme.
Avec courage et une ténacité digne de leur noble matériau, ils tentent de survivre face à la production industrielle d'objets en bambou ou vannerie du Fujian ou du Zhejiang, ou à l’artisanat à bas coût de main d’œuvre du Vietnam, du Laos ou de Birmanie.
Maître Zhao, un artisan Hani dévoué aux traditions de son peuple et passionné par la noblesse du bambou
Plus au sud, près de Menghai au Xishuangbanna, un maître artisan de la minorité Aini, avatar de la grande famille Hani-Akha, amoureux du bambou, a entrepris de relever le défi en associant sa petite entreprise à un projet social ancré dans son environnement.
Au bout d’une petite route au milieu d’une végétation abondante coupée d’une étroite rivière, Zhao a bâti un vaste atelier en bambou dans lequel il forme des handicapés de sa minorité à l’art de la vannerie en bambou. Objets issus de la tradition, tels que théières, petites boîtes en bambou ou bols en bambou, boîtes à thé, mais aussi abat-jours, chaises longues, tables imposantes, lampadaires de dimensions surprenantes fabriqués sans souci d’économie et qu’il envoie dans les grandes villes du nord pour satisfaire le goût de citadins avides de retrouver leurs racines, marqueur social de leur aisance financière nouvelle.