Style & Savoir-Faire
L’art du mobilier chinois ancien classique
La qualité de bois durs exceptionnels est à l'origine de la beauté épurée des meubles chinois de style Ming
S’agissant du mobilier chinois ancien comme d’autres arts tels que la calligraphie ou la peinture, les critères de beauté et d’esthétique diffèrent largement de nos repères occidentaux traditionnels. Ainsi, la nature du bois utilisé est le premier élément à considérer dans l’appréciation de la qualité d’un meuble chinois ancien. Selon son matériau de base, deux meubles de même style et de même époque peuvent connaître une différence de prix considérable. La qualité du bois est appréciée non seulement selon sa dureté, gage de préservation dans des climats souvent rudes et de sa résistance à l’assemblage des formes les plus épurées, mais aussi pour sa consistance et son apparence faites de veinures évocatrices ou de teintes s’embellissant au vieillissement, voire dégageant des senteurs parfumées.
A L'ORIGINE, DES BOIS RARES, AUJOURD'HUI LARGEMENT DISPARUS
Les bois les plus précieux, le zitan, ou bois de santal, le huanghuali, « fleur jaune du poirier », ou bois de rose, les hong mu (« bois rouge »), acajou ou palissandre, le jichi mu (bois « aile de poulet ») ou le tieli mu (« bois de fer ») se font désormais extrêmement rares, totalement éradiqués par les ravages de la forêt chinoise au cours des siècles. Ils sont réservés aux plus prestigieux parmi les meubles chinois anciens des époques Ming et Qing, qui peuvent atteindre des prix astronomiques dans les ventes aux enchères en Chine. Les riches Chinois restent amateurs de meubles modernes copiés des styles Ming et Qing réalisés en huanghuali, aujourd’hui importés du Vietnam ou d’autres pays plus lointains, à des prix très élevés.
LA SENSUALITE DE BOIS PLUS COMMUNS
La plupart des meubles chinois anciens ou récents répandus sur le marché aujourd’hui sont des meubles en orme (yumu), en Chine épargné des maladies qui les ont décimés chez nous ces dernières années, ou parfois en noyer, en peuplier ou d’autres essences plus communes. Le chêne, le hêtre ou le merisier, bois privilégiés en France, sont beaucoup plus rares et moins appréciés en Chine, voire absents. Le sapin et autres bois légers et ordinaires sont utilisés comme matériaux des meubles revêtus de décors peints, en particulier en Mongolie ou au Tibet.
On trouve également des meubles en bambou ou en rotin particulièrement dans le sud de la Chine. Le bambou, souvent privilégié par les lettrés, source d’inspiration pour les peintres et les poètes, est aussi très apprécié des menuisiers créatifs car il offre des pièces originales. Bois dur malgré sa légèreté due à son fût évidé, il est sensuel et doux au toucher, varié de ton et lustré en vieillissant.
Technique et styles de fabrication
Les meubles chinois anciens sont souvent difficiles à dater car les styles sont intemporels. Comme en architecture ou en peinture, les formes se sont répétées au cours des siècles et privilégient l’aspect fonctionnel, répondant chacune à un usage spécifique.
Ainsi on distinguera les fauteuils en forme de bonnet de lettré (Guang Mao Shi), à dossier bas en forme de rose (Mei Gui shi), en forme de peigne (Shu Bei), ou le très élégant fauteuil en fer à cheval, dont le grand cintre arrondi se prolonge pour former les accoudoirs (Luo Quan Yi) et les chaises croisées pliantes (Jiao Yi), pratiques à transporter. Il existe une très grande variété de types de tables anciennes chinoises, on distingue les tables carrées, les tables longues et étroites reposoirs de vases ou d’objets précieux, les tables à encens, les tables de luth, tables du peintre ou du lettré calligraphe, les originales tables en deux demi-lunes, les petites tables basses (tables de kang) pour prendre le thé assis ou allongé sur le kang ou les tables d’autels, souvent aux bords relevés.
En dehors des meubles de cour, précieux et sophistiqués, les meubles chinois sont appréciés pour leur simplicité et leur utilité, leur côté pratique en préservant l’élégance constitue leur seul luxe, grâce à une technique d’assemblage sans faille par tenons et mortaises et en exploitant le grain, la structure et toute la finesse des bois recherchés. La prouesse de l’artisan ébéniste et sa créativité s’expriment dans un savoir-faire transmis de génération en génération dans ce cadre normalisé.
Laque
La tradition de la laque chinoise appliquée selon des techniques variées et sophistiquées sur les meubles chinois anciens depuis l’antiquité est universellement réputée et s’est diffusée d’abord au Japon pour atteindre l’Europe dès le XVIIème siècle. En sus de son apport esthétique, la laque a avant tout un objet fonctionnel destiné à la protection de meubles soumis aux conditions climatiques d’humidités ou de différences de température parfois radicales ou aux attaques d’insectes xylophages.
Le laque majeur qui connût le succès dans les cours européennes était réservé aux meubles de palais et était fait d’un grand nombre de couches superposées jusqu’à obtenir le brillant d’un miroir, qui les recouvre intégralement en cachant le bois d’origine. Mêlée à une peinture noire ou vive, la laque, extrêmement dure peut ensuite être gravée dans l’épaisseur et incrustée de nacre, d’ivoire, de jade, de céramiques ou de pierres semi-précieuses. Si ce type de meubles laqués, par leur exotisme et leur magnificence provoquèrent l’admiration et générèrent la passion pleine de fantasmes pour les « chinoiseries » jusqu’au dix-neuvième siècle, ils sont aujourd’hui quelque peu délaissés par les amateurs d’art chinois en faveur de laques plus discrets, ne serait-ce que du fait de leur rareté et de leur cherté.
Tous les meubles chinois anciens sont en fait traditionnellement protégés au moins d’une couche de laque transparente, sorte de vernis les dotant d’un aspect similaire à celui obtenu sur un meuble ciré. Ce type de laque met en valeur la qualité propre du bois sans artifice en soulignant sa matière, ses teintes plus ou moins chaude ses veinures sources d’inspiration pour le contemplateur chinois.
Meubles Chinois anciens peints
Aux marches de l’empire, dans les provinces du Gansu, de Mongolie, du Xinjiang ou du Tibet dans son sens le plus large, les peuples, qu’ils soient d’une ethnie différente ou même Han, ont développé des styles de meubles peints et souvent richement décorés, en s’inspirant souvent de croyances religieuses ou superstitieuses. Ces meubles étaient généralement fabriqués en bois plus ordinaires, pins ou peupliers, qui couvrent ces régions de steppes ou de montagnes, légers à transporter par des peuples en grande partie nomades.
LA MAISON D’ECHO, tout en s’attachant à conserver aux meubles le charme et la chaleur charriés par leur âge chargé d’histoire, s’efforce d’apporter une restauration douce en appliquant lorsque cela est nécessaire une légère couche de laque qui respecte les traditions sans dénaturer la pièce d’origine afin de la maintenir « dans son jus ».