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Weishan, ville super cool! (2)
Outre la conservation remarquable de son architecture datant des Ming, ce qui rend aussi épatante la ville antique de Weishan, c’est le style de vie de ses habitants. A l’opposé de la plupart des villes de ce type rencontrées en Chine, dont la population autochtone a été vidée pour laisser la place à des restaurants, des bars bruyants et des boutiques de souvenir, ici la ville est habitée par ses habitants. Incroyable ! le long des rues pavées, les échoppes sont tenues et occupées par leurs habitants, et tous les petits métiers traditionnels sont pratiqués : coiffeur de rue, bric-à-brac des xiaomaidian, cantines publiques, magasins de vêtements ou de chaussures de fabrications locales, tout ici respire la vie, la vie locale, la vraie vie. Du reste, les heureux propriétaires sont plus occupés à bavarder et jouer aux cartes avec les voisins dans la rue, plutôt que de surveiller leur étal.
Ainsi, tombant sur un magasin d’antiquités, un brocanteur très couleur locale, nous sommes intéressés par un bol en porcelaine et souhaitons discuter avec le propriétaire. En vain, le magasin est vide, nous attendons, allons et revenons toute la journée. Enfin, alerté par des âmes charitables, il se précipite dans son antre à notre rencontre… pour nous expliquer qu’il est en train de jouer aux cartes avec des amis et, n’ayant guère le temps de s’occuper de nous, il nous propose de jeter encore un œil sur son échoppe et de revenir quand il aura fini de jouer. Et il repart à ses cartes avec empressement.
Incroyable, mais ce détachement nous a tellement réjouis, que nous avons patienté et obtenu notre bol en porcelaine !
La nouille de Weishan
En Chine, à chaque village sa spécialité gastronomique. A Weishan, c’est la nouille. On sait déjà que les Italiens n’ont pas inventé les spaghettis. Mais on sait moins que Weishan a inventé le plat de nouilles… fait d’une seule nouille. Le spaghetti sans fin, le rêve !
Weishan, empire du jeu
Un autre aspect fascinant de la vieille ville de Weishan est la passion pour le jeu que semblent posséder les personnes âgées. Dans les parcs, sur les places, au bord des rues, dans les boutiques, dès le petit matin, à midi, le soir, lors de pauses, le week-end, en toute heure les groupes de personnes âgées s’assemblent et se rassemblent pour s’asseoir ensemble sur leurs
petits tabourets et taper le carton ou jouer aux échecs chinois.
Vie nocturne à Weishan
Au crépuscule, une autre vie s’éveille, les lumières s’allument, la vieille tour Gongcheng s’illumine, les modestes devantures des magasins clignotent, ajoutant plaisir et charme à cette ville si attachante. Les jeunes comme les grands-pères et grand-mères sortent sur la grande place de la tour pour danser en groupe, formant de larges cercles, des farandoles ou de sages mouvements au ralenti guidés par un chef d’orchestre improvisé. Ainsi va la vie, au pays du bonheur calme.
La rencontre du vieil homme
Hélas, toutes les personnes âgées ne jouent pas aux cartes, à Weishan. Sortant de la vieille ville, au bord du parc où certains s’exercent au taiqiquan et d’autres jouent aux cartes, nous croisons un vieil homme vêtu de haillons, marchant pieds nus, un bonnet de laine sur la tête et un balluchon sur l’épaule. D’une saleté repoussante, allant seul sur l’asphalte, les passants le croisent en l’ignorant, comme s’il était pestiféré. Ce petit homme au visage émacié plein de bonté, malingre, avance d’un pas mal assuré, sans rien demander, il garde sa dignité sans mendier. Dans cette ville dont la population semble avoir un indice de bonheur digne du Bhoutan, nous sommes émus et approchons de l’homme. Nous ne comprenons pas un mot de son dialecte mais comprenons la signification de ses mots. Nous glissons un peu de monnaie dans sa poche en lui disant que c’est pour s’acheter des chaussures et manger à sa faim, au moins pour aujourd’hui.
Maintenant, quand je revois ces images du vieil homme, je me sens encore mal à l’aise et me demande comment je pouvais l’aider davantage et s’il a acheté des chaussures. Quelle est la vie de ce vieillard dans la cité du bonheur ?
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