Culture & Patrimoine
Origine et Histoire de la Porcelaine
de la poterie antique au fameuse porcelaine bleu-et-blanc, en passant par le céladon, cent siècles d'histoire qui font l'admiration del'occident
La Chine est réputée avoir inventé la porcelaine. L’aventure a commencé il y a plus de dix-mille ans, dans l’antiquité, et s’est poursuivie au fur et à mesure des découvertes et des inventions, chaque grande dynastie apportant un savoir-faire, de nouveaux matériaux, un style et des décorations nouvelles permises par l’amélioration continue des techniques de fabrication et de cuisson.
Période antique et apparition de la poterie
La Chine est entrée dans l'ère néolithique il y a environ 10 000 ans, et les premières poteries sont apparues entre 8000 et 7000 av. J.-C., la plupart étant alors peintes. Les cultures pré-Yangshao (5500-4500), ont produit de nombreuses poteries rustiques, de formes variées, adaptées à de multiples usages quotidiens, ornées pour certaines avec le motif du tenon ou de lignes en léger relief.
Considérant les conditions de cuisson particulièrement exigeantes des premières céramiques, celles-ci remontent en Chine à la dynastie moyenne des Shang, il y a environ 3 500 ans. La céramique de la dynastie Shang, (1767 - 1122 avant JC), resta dans la continuité; les artisans cherchèrent cependant à rapprocher peu à peu la forme et l'aspect des vases de céramique de ceux des vases de bronze.
La période des Royaumes Combattants, période de division qui succède aux dynasties des Shang et des Zhou, prolongea et consolida les techniques déjà en place, et permit une innovation importante par la découverte des glaçures plombifères, formées d'un mélange de minerai de plomb, de silice, et de calcaire.
céramique d'èpoque shang
vase han
Apparition progressive de pré-porcelaines
La dynastie des Qin a marqué l’histoire par l'immense armée des guerriers de terre cuite de Qin Shi Huang Di, enterrée dans les environs de Xi'an, non loin du mausolée souterrain de l'empereur Qin.
Exploitant la découverte de la glaçure plombifère qui se faisait lors de la période des Royaumes Combattants, les Han réussirent à produire des vases de grès Hu, recouverts d'une glaçure, et qui sont considérés comme des « proto-céladons ».
Les experts chinois considèrent actuellement que c'est sous la dynastie des Han de l'Est, que sont apparues les toutes premières porcelaines véritables, en prenant en compte, entre autres, des critères de température de cuisson, de proportion de kaolin ou de fer, et de résistance de maériau.
L’âge d’or des Tang
La dynastie Tang (618 - 907) fut un « âge d'or » dont le dynamisme ouvrit largement le monde chinois sur l'extérieur, en développant considérablement la route de la soie.
Cette période a vu apparaître les céramiques bien différentes d'aspect que sont les xing (les plus hautes températures atteintes par les fours permirent l'apparition de quasi-porcelaines38 fines et translucides, dont la surface lisse évoquait le jade blanc) et les sancai (Les céramiques Tang « trois couleurs » (三彩) sont ainsi appelées à cause des couleurs auxquelles elles font appel : le jaune provient de l'oxyde de fer (cuit en oxydation), le vert vient de l'oxyde de cuivre, le violet vient du manganèse), mais de grand intérêt dans les deux cas.
La porcelaine fine se développa et fut de plus en plus appréciée.
personnages féminins d'époque tang
L’épanouissement de la porcelaine sous les Song
Les porcelaines de la dynastie des Song (960 - 1279) furent renommées dans le monde entier pour leur beauté « classique » : formes simples et élégantes, glaçure unie, sur le modèle des céladons. Les céladons sont probablement les céramiques Song les plus connues en Occident.
Sous les Song se développèrent plusieurs variétés de porcelaines, comme les céramiques Ru (汝), céladons de très grande qualité, sans aucun décor, d'un bleu très pâle, que les amateurs chinois qualifient de « bleu ciel après la pluie » ; La céramique jun (鈞窯), ou « glaçure flambée », vitrifiée avec des reflets lavande ou pourpre ; Les guan (官) et les ge (哥), avec une glaçure épaisse, pâle, d'un ton blanc ou beige.
Eveil bleu-et-blanc sous les Yuan
Sous la dynastie Yuan, on voit apparaître des vases en « porcelaine bleue-et-blanche » dont le décor est réalisé avec un bleu de cobalt importé depuis l'ouest de l'Empire mongol, du Moyen-Orient. Les fours sont pour l'essentiel situés à Jingdezhen, dont la position à proximité des ports du sud permettait la commercialisation à grande échelle vers le monde entier. Sous l'influence de la peinture Yuan, de riches décors apparaissent donc sur ces vases, qui s'inspirent de la nature, avec des fleurs en tous genres et des animaux réels ou mythiques, tels que dragons et phénix.
Sous la dynastie Yuan, les fours de Jingdezhen améliorèrent la qualité technique de leur production, tout en s'éloignant du style classique des Song pour s'intéresser à l'art arabe, et concevoir des pièces « bleu-et-blanc » au décor exubérant. Ces évolutions contribuèrent à établir Jingdezhen comme le grand centre de production de la porcelaine pour les siècles suivants.
vase d'époque yuan
assiette "bleu et blanc" ming
Apogée du bleu-et-blanc des Ming
On considère généralement que la dynastie des Ming a été l'âge d'or de la porcelaine « bleu-et-blanc ».
Jusqu'à la dynastie des Ming, et depuis les Tang, la couleur bleue des céramiques provenait du cobalt exclusivement importé du Moyen-Orient. Mais, au début de la dynastie des Ming, on découvrit du cobalt en Chine ; il était un peu différent du cobalt persan, car le cobalt chinois contient un peu de manganèse, et donne en conséquence un bleu un peu moins pur. Aussi les potiers chinois mélangeaient-ils le cobalt chinois avec du cobalt importé.
Sophistication des Qing et explosion des couleurs
Sous la dynastie des Qing, d'origine mandchoue, et qui régna sur la Chine de 1644 à 1911, les techniques et les décors se firent de plus en plus élaborés, encouragés par les grands empereurs que furent Kangxi, Yongzheng et Qianlong. Ce dernier était sans doute le plus exigeant, n'hésitant pas à définir les motifs qu'il souhaitait, ou à réprimander toute baisse de qualité.
La variété des différents styles de céramiques devint considérable : doucai (« couleurs liées »), susancai (« trois couleurs unies »), wucai (« cinq couleurs », que nous connaissons comme étant la « famille verte »), ruancai (couleurs douces), comprenant le falangcai (couleurs émaillées), le fencai (« couleurs poudreuses »), le yangcai (« couleurs occidentales », que nous connaissons sous le nom de « famille rose »), et aussi les glaçures monochromes : « sang de bœuf », jaune impérial, « rouge occidental » (yanghong)…