Culture & Patrimoine
Broderie et culture Miao
un héritage d'une incomparable valeur patrimoniale
La valeur de collection des broderies Miao repose sur une culture millénaire, l’héritage qu’il représente et la cohésion entre le travail de l’aiguille et la pièce brodée. La broderie Miao, riche de ses valeurs historiques, culturelles, artisanales, esthétiques, coutumières, symboliques, religieuses, sociétales et économiques fait partie du patrimoine culturel mondial immatériel
Le peuple qui porte son histoire sur son corps
Il y a plus de 5000 ans, le peuple Miao vivait dans la vallée du Fleuve Jaune et dans les plaines du Yangtze, et les tribus alors nommées Jiuli durent progressivement migrer du nord vers le sud après leur défaite dans les guerres contre les tribus Yan et Huang, ancêtres des Han actuels.
Il n'y a pas d'histoire écrite du peuple Miao, leur héritage historique et culturel est transmis de génération en génération à travers des chansons, des légendes, des costumes et des accessoires de la vie quotidienne.
Les Miao ne connaissent pas l’écriture et sont connus comme étant « le peuple qui porte son histoire sur son corps », car ce sont les femmes qui la transmette sur leurs vêtements à travers les broderies dont elles les enrichissent.
Elles mémorisent 5000 ans d’histoire, de récits et de légendes dans des pièces de broderies exquises, transmettant leurs foi, leurs croyances, leurs espoirs, leurs sentiments et vœux pour une vie meilleure. Leurs broderies expriment ainsi leur vision, leurs pensées, leurs réflexions et constituent de véritables livres sans paroles.
L’art de la broderie, un langage transmis par les femmes de génération en génération
Les femmes Miao croient que chaque maille est un mouvement de danse de l’aiguille et du fil sous la protection des dieux et des ancêtres, dont elles espèrent ainsi obtenir la bénédiction afin de rendre leur famille prospère, d’élever leur position dans la tribu ou de permettre aux jeunes femmes d’épouser un meilleur parti. La broderie est ainsi un pilier spirituel du peuple Miao, le culte des ancêtres dans une attitude religieuse emplit la réalisation de chaque pièce de broderie, quitte à employer quatre ou cinq années pleines à terminer un seul costume.
Dès l’âge de 7 ou 8 ans les filles commencent leur apprentissage,
Les mères enseignent aux filles, les grandes sœurs à leur petite sœur, les ainées transmettent aux jeunes générations leur savoir, ainsi se perpétue l’héritage jusqu’à ce qu’elles maîtrisent si bien leur technique que la main trouve le chas de l’aiguille sans que l’œil ne s’en aperçoive.
La broderie, porteuse de légendes et de cultures
A saison différente, à lieu différent, vêtement différent, les costumes Miao sont variés comme le jour. Différentes régions, différents villages, différents âges portent des costumes aussi différents.
Chaque clan a ses propres totems générant des motifs de broderies particuliers. Parmi ceux-ci, on trouve le dragon, des oiseaux, des papillons, des fleurs, des plantes, mélangés avec des esprits, des représentations humaines ou d’animaux, chaque motif étant porteur de mythes et légendes.
Chaque style de motif a sa propre signification, papillons, scolopendre, feuilles d’érable ont tous un lien étroit avec les origines et l’histoire des Miao. Certaines formes correspondent aux expériences vécues pendant leur longue migration par le peuple Miao, ainsi les jupes plissées décorées de chevaux et de motifs de barres horizontales représentent la traversée au galop des flots du fleuve jaune par les anciennes générations. C’est pourquoi on dit que les riches costumes Miao sont comme des livres d’histoire qu’ils portent sur leur corps.
Un héritage d’une grande valeur patrimoniale
De nos jours, nous pouvons témoigner de l’art de la broderie Miao depuis les deux cents dernières années. Comme le temps de conservation des matières textiles est limité, il est très difficile d’aller au-delà. Quoiqu’il en soit, la période depuis la fin de la dynastie Qing jusqu’au début de l’ère républicaine a été l’apogée de l’art de la broderie Miao. Les collections de cette époque sont de la plus grande valeur. L’âge, l’origine et la valeur des pièces de broderie Miao sont déterminés par les motifs, le style, les couleurs, la texture, le contexte et les caractéristiques techniques de leur confection.
La valeur de collection des broderies Miao repose sur une culture millénaire, l’héritage qu’il représente et la cohésion entre le travail de l’aiguille et la pièce brodée. La broderie Miao, riche de ses valeurs historiques, culturelles, artisanales, esthétiques, coutumières, symboliques, religieuses, sociétales et économiques fait partie du patrimoine culturel mondial immatériel. Cet héritage patrimonial a une encore plus grande valeur que celle purement esthétique de décoration de ces broderies. Avec leur caractère et leur complexité uniques, les broderies Miao sont de plus en plus appréciées par les collectionneurs.
LA MAISON D’ECHO se donne pour mission de faire connaître et diffuser sa passion pour l’art unique de ce peuple si attachant, partagé seulement avec quelques autres minorités du sud de la Chine.
Danses traditionnelles Miao dans le village de Langde
Langde est un village Miao de la région du Qiandongnan au sud-est du Guizhou, étonnamment bien préservé, une sorte de musée vivant. Le village compte 147 familles totalisant plus de 500 personnes, toutes Miao et quasiment toutes portant le patronyme Chen ou Wu, tout le monde dans le village se connaît. Les ruelles du village de Langde sont couvertes d’un patchwork de pavés, agencés avec grand soin. Sur la place centrale se déroulent les réjouissances au son des lusheng, sorte d’orgue portative en bambou, à l’occasion du nouvel an ou de toutes autres fêtes et cérémonies importantes qui animent la vie de la communauté.
Ainsi, lors d’un passage dans un mois de février frisquet, nous eûmes la chance d’assister à la fête de Guzangjie, qui ne revient que tous les douze ans. Alors, les hommes, les femmes et les enfants, sans distinction et spontanément, sans autre motivation que la joie d’être ensemble, viennent chanter et danser de leur pas balancé en virevoltes continues des heures durant, accompagnés par le son lancinant des lusheng portés par les ancêtres tournant en rang serré autour du mât du village en faisant tanguer de droite et de gauche leur instrument, selon l’écho saccadé d’un énorme tambour.